Parmi les cinq pays les plus affectés de la planète, le Vietnam fait face à l’intensité des bouleversements climatiques. La Belgique, qui vient de clôturer son programme de coopération, y a financé différents projets d’adaptation. Coincée entre les deltas du Mékong et du Fleuve rouge, entre montagne et mer, la province de Hà Tinh veut résister à la fureur des éléments et limiter les migrations en cours. Immersion en période sèche.
Séparés de la lagune par une digue en béton, les bassins d’aquaculture se succèdent. Les uns après les autres, ils dessinent le puzzle côtier de la commune de Thach Mon, dans la province de Hà Thin, une des plus pauvres du pays.
Thi Kim Cuc sort de sa poche un chapeau en forme d’origami.
Elle le déplie sous un vent puissant et se protège du soleil avant de plonger vers la jeune mangrove qui tourne le dos aux bassins de crevettes.
« La mangrove est une forêt marine qui protège les zones côtières des tempêtes et des typhons, elle joue un rôle très important dans la séquestration du carbone et permet de maintenir une sécurité alimentaire en procurant des revenus de pêches aux femmes, principalement, constate la professeure d’écologie à l’université de Thuyloi, à Hanoï.
Cette zone de 165 hectares a été plantée en décembre dernier grâce au soutien de la coopération belge. Elle se porte bien ! Les communautés commencent à comprendre qu’il est important de restaurer ce qui a été détruit ces dernières décennies. Contrairement au développement non soutenable de l’aquaculture en bord de mer. »
Malmené par les pressions foncières dues à la croissance démographique, le développement de l’aquaculture et de l’industrie, l’écosystème mangrove a perdu plus de 60 % de sa superficie au Vietnam en moins d’un siècle.
Si la tendance à sa destruction massive semble freinée, sa restauration à large échelle et son équilibre demeurent précaires – menacés entre autres par la prolifération des insectes lors des épisodes de sécheresse de plus en plus intenses en été.